De la longévité de l'attente

Publié le par Matebullo

Il y a quelque temps, un ami m'a offert un bouquin, De la brièveté de la vie, de Sénèque. Et puis je suis tombé malade. Je traîné mon rhume pas mal de temps, quelques semaines, mais avant de rentrer chez mes parents pour les vacances, pour pas qu'ils croient que je ne me soigne pas, j'ai décidé d'aller chez le médecin... Donc me voila parti là-bas avec mon bouquin pour m'occuper dans la salle d'attente. A part que le médecin était en retard, j'ai attendu plus d'une heure, et j'ai pas vraiment accroché au bouquin. Mais il m'a quand même servi à passer le temps...

 

Un portable, une écharpe, des mots croisés. Chacun quelque chose de différent pour s'occuper. Près d'une heure qu'ils attendent le médecin. Il n'est toujours pas arrivé. Le doute s'installe. Combien de temps encore ? Va-t-il venir ou non ? Doit-on attendre ou repartir ? Elle a lâché l'écharpe et pris son portable. Elle le referme dans un soupir et se tripote les cheveux. L'autre tousse. Une se mouche. La mère et la fille papotent et la vieille fait toujours ses mots croisés. L'autre à côté est partie. Le médecin toujours pas arrivé. C'est paradoxal d'occuper son temps sur la couverture de la brièveté de la vie. Une qui fouille dans son sac et sort un papier. Cheveux, portable, écharpe. En boucle. Regard dans le vide en face de moi. Parapluie par terre sous le radiateur. Un autre qui sort. La fille parle beaucoup, la mère écoute vaguement. Il est rentré. Elle a lâché écharpe, portable et cheveux et se fait craquer les doigts. Quelle pipelette cette fille ! Je reste ? Je m'en vais ? Je suis malade. Une se lève et va vérifier les horaires. Tout le monde râle. Deux de moins. On se parle, on se questionne. Il est 18h. Il devait arriver à 17h30. Un qui est parti prendre l'air. Au moins, quand elle se mouche, elle se tait. Et encore. Je crois de plus en plus que celle qui se tripote est aussi à la fac. Mais je me demande. Le médecin vient d'arriver, elle passe. Je suis le prochain, avec ceux qui sont partis. Enfin. Je range mon bouquin.

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